Autre rédaction. J'ai eu un A aussi pour celle là. Le sujet était: "décrivez les différentes attitudes des élèves d'une classe pendant un devoir".
Le professeur donne un devoir de grammaire à faire dans l'heure. Aussitôt les élèves se mettent au travail.
La classe est silencieuse. On entend seulement de temps en temps, le murmure étouffé d'une conversation à voix basse ou des pages que l'on tourne ou bien encore un éternuement, une toux discrète.
Au fond de la classe, une amoureuse des grands espaces, le stylo en l'air, les yeux vagues, regarde par la fenêtre en soupirant. Sa compagne ne sait qu'écrire: elle mord son crayon avec rage, gribouille sa feuille, contemple d'un air désolé son livre, puis le cahier de sa camarade, enfin jette un coup d'œil inquiet à sa montre, mais sa page reste blanche.
L'heure tourne.
Vers le troisième banc, une des élèves parait soudain prise d'une idée subite. Elle se met à écrire frénétiquement à toute vitesse, comme pour ne pas laisser échapper l'idée merveilleuse. Une autre sort son mouchoir, se mouche bruyamment, le renferme.
Le silence retombe.
Enfin, avec beaucoup d'effort, la sueur au front, les doigts tachés d'encre, une feuille impeccable à la main, une élève du premier banc se lève et va remettre son devoir au professeur. Alors, c'est le signal, le déclenchement, tout le mondea fini, on se presse autour du bureau, les feuilles pleuvent, les conversations reprennent, le ton monte.
Et, seules, acharnées et misérables, quelques malheureuses restent devant un adjectif intraitable ou une analyse logique insoluble.
On remarquera que je ne parle qu'au féminin, pour la bonne raison qu'à mon époque les écoles n'étaient pas mixtes (sauf les maternelles). Et le mouchoir en question était un mouchoir en tissus, les "kleenex" ça n'existaient pas ou du moins, ça n'était pas répandu (je ne sais pas quand il y en a eu pour la première fois en France).